Science-fiction
Blade Runner 2049
En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...
De Denis Villeneuve, avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto, 2h43, USA
Horaires du 24 au 30 Avril
L'article
Spleen et Idéal
Comme James Cameron et David Fincher l’avaient fait avec le Alien de Ridley Scott, Denis Villeneuve revisite Blade Runner dans une suite à la fois miroir et prolongation personnelle. Une réussite !
K, réplicant de la nouvelle génération, est un Blade Runner chargé de retrouver et d’éliminer les anciens modèles insoumis. Discipliné et solitaire, il comble le vide en se projetant dans une histoire d’amour avec une femme virtuelle. Mais une découverte surprenante va le conduire sur la trace de Rick Deckard, un ancien Blade Runner. Soutenu par son hologramme féminin, K commence alors un voyage étrange et fluctuant, qui va le plonger dans une quête identitaire…Se passant 20 ans après le premier épisode, Blade Runner 2049 se présente d’abord comme une variation de son modèle, rejouant dans un jeu de miroir inversé les mêmes thèmes mais en les déclinant vers des combinaisons multiples. C’est toujours une interrogation entre l’humain et le réplicant : qui l’est, qui ne l’est pas ? Où se situe la différence, comment s’humanise-t-on ? Qu’est-ce que le réel ? Comment l’espèce évoluera-t-elle ?
Labyrinthe d’anticipation habité par les mythes de l’humanité, le film surprend aussi en se révélant en blockbuster contemplatif à l’atmosphère dépressive, hautement envoûtante. Il brille de multiples trouvailles : une scène d’amour saisissante, des hologrammes d’Elvis et Sinatra au cœur d’un casino abandonné de Las Vegas, l’image clonée d’une femme disparue. Il distille un romantisme fané, une nostalgie désespérée au cœur de paysages en ruines, des néons urbains, de décharge radioactive, d’espaces vides ultra modernes…
Enfin c’est dans sa dernière partie, plus explosive, que l’œuvre orchestre la rencontre de ses deux héros, celui d’hier, Harrison Ford, et celui d’aujourd’hui, Ryan Gosling, représentation intergénérationnelle, à la fois autre et semblable. Mélancolie d’un temps, retrouvé et déjà révolu.
Laurence Kempf