La danseuse

Loïe Fuller était une danseuse américaine qui rencontra le succès à la Belle Époque. Ses chorégraphies autour d’un jeu de drapé et de lumière en firent l’une des précurseurs de la danse contemporaine. Pourtant, son nom est tombé dans l’oubli largement éclipsé par celui d’Isadora Duncan, autre pionnière inspirée et moderne, qu’elle contribua à faire reconnaître.
Le film s’attache à montrer son parcours, de ses origines de fille de fermiers du grand Ouest américain à sa vie d’artiste dans un Paris effervescent, de la reconnaissance à la chute. Un trajet singulier, admirable par sa ténacité et son inventivité, stoïque dans son acharnement destructeur - la jeune femme maltraitant son corps et ses yeux pour réaliser ses performances-, et surtout cruel dans sa confrontation avec l’aisance et la grâce de sa jeune rivale.
Un sujet passionnant porté par trois actrices adéquates et investies (Soko, Lily–Rose Depp et Mélanie Thierry), et dont la réalisation témoigne d’une belle audace dramatique et visuelle. Mais c’est aussi film parfois maladroit, qui peine à cerner ses priorités et s’emporte dans ses envolés romanesques. Comme si, à l’image du combat de son héroïne, Stéphanie De Giusto s’acharnait à saisir une fluidité, une limpidité qui, sans cesse, lui échapperait.
 

Laurence Kempf