Incorporated! La Biennale

Battre le pavé des grandes expositions, séparer le bon grain de l'ivraie, réserver les artistes, incorporer les œuvres, ciseler les propositions, aromatiser de saveurs internationales, mélanger les lieux d'expositions... François Piron, masterchef de cette nouvelle édition, connaît par cœur cette recette simple pour réussir une savoureuse biennale sauce capitale bretonne, tout en respectant le cahier des charges de la maison Caron, détentrice du groupe Norac. Ainsi, il incorpore des travaux inédits ou récents dans des récipients qui ont fait leur preuve, comme La Criée, qui présentera les films de Darielle Tillon, seule intervenante rennaise mais aussi les sculptures minéranimales de Jean-Marie Perdrix. Le projet de Camille Blatrix, épaulé par la galerié 40mcube, éphémère et itinérant, sera visible dans différents recoins de la ville. On y reviendra.

Antonin Druart

Après Playtime qui explorait le rapport entre l'art et l'entreprise sous l'angle ludique, on se demandait comment François Piron reprendrait le flambeau. À ce petit jeu, on aime la sensibilité de ce commissaire qui semble avoir attaqué la biennale avec humanité. Et ça tombe bien puisqu'il explore les rapports entre art et économie sous l'angle des effets sur les individus. Au-delà des mots et d'une approche qui pourrait paraître un peu théorique, il faut se rendre sur place et se laisser porter par le parcours de lieu en lieu.
À la Courrouze, on est impressionné par la création de Michel François et son espace mis en scène avec un déluge de détails à explorer et qui vont travailler durant le temps de l'expo. On aurait tort de passer trop vite à côté des variations de Jean-Alain Corre et notamment de cette installation & love sur un sèche linge. Le tout sous le regard des peintures de Michaela Eichwald.
Au FRAC, l'expérience est un peu plus ardue. Pas simple d'entrer dans le jeu de Melanie Giligan. La proximité entre Jana Euler et Aaron Flint Jamison opposée à la distance entre Anna Oppermann et ses voisins à l'étage supérieur déroute un peu.
On a un faible pour le magasin de Babi Badalov au Praticable, de l'empathie pour la démarche d'Eva Barto et son livre à Lendroit Éditions. Un coup de cœur pour l'espace du Musée des beaux-arts (lire par ailleurs). Un autre pour La Criée où l'adéquation entre les artistes et le lieu semble en parfaite harmonie. Tout le monde n'aura pas la chance de faire la visite avec le commissaire mais il suffit d'entrer pour entrevoir le monde plus ou moins différemment.

Patrick Thibault