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Femen fortes. L'interview de la réalisatrice Charlène Favier (Oxana)

Femen fortes. L'interview de la réalisatrice Charlène Favier (Oxana)

Avant #MeToo, il y a eu les Femen. Avec Oxana, la réalisatrice Charlène Favier revient sur la genèse de ce mouvement né en Ukraine. Et dresse le portrait d’une de ses fondatrices, l’artiste Oksana Chatchko, disparue à 31 ans. 

Propos recueillis par Matthieu Chauveau

 

Pourquoi les Femen ? 

Je les ai découvertes comme tout le monde au moment où elles ont débarqué, et j’ai été fascinée. Mais je crois que, comme beaucoup, je n’ai pas très bien compris pourquoi elles arrivaient comme ça, seins nus. Ce n’est que bien plus tard, après qu’Oksana Chatchko soit décédée, en 2018, qu’on m’a parlé d’elles. J’avais le souvenir de ces grandes blondes qui faisaient leurs actions mais je ne connaissais rien à la genèse des Femen. J’avais pas du tout compris qu’à la base, c’était la création d’une artiste. 
 

Aviez-vous vu Apolonia, Apolonia (Lea Glob, 2022) où la vraie Oksana apparaît ? Votre film m’a donné l’impression de découvrir le hors-champ de ce documentaire…

Bien sûr, et j’avais adoré ce film sur Apolonia Sokol. J’ai d’ailleurs rencontré cette peintre parisienne pour qu’elle me parle d’Oksana. Il y a aussi le docu Je suis Femen d’Alain Margot. J’ai beaucoup échangé avec lui, qui est malheureusement décédé depuis. On y voit une Oksana beaucoup plus vivante et révolutionnaire que dans le film de Lea Glob. C’est à cette Oksana, très libre, avec un parcours spirituel fort, que j’ai voulu rendre hommage. 
 

Votre film trouble par sa résonance avec l’actualité…

Quand on s’est tapé dans les mains avec les producteurs, c’était en 2021. Je m’étais dit que j’irais en Ukraine après le Covid, pour voir où Oksana avait grandi. Mais j’ai jamais pu y aller : en février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine… L’actualité a vraiment rattrapé le projet. C’est fou parce que c’est exactement ce qui s’est passé avec Slalom, mon précédent film, qui parlait des violences sexuelles dans le sport, et que j’avais commencé à écrire bien avant #MeToo. 
 

Vous avez finalement tourné en Hongrie, mais avec des actrices ukrainiennes…

Qui habitent à Kiev, et n’en partiront jamais… C’est vraiment des révolutionnaires, mes actrices ! Le casting s’est fait d’abord à distance, par Zoom. On les a vues quelques mois avant le tournage et je m’en souviendrai toujours. Elles avaient fait 25h de bus et de train, parce que l’espace aérien était fermé. Elles étaient exténuées mais hyper heureuses d’être à Paris. Et en même temps, elles étaient terrifiées à l’idée de laisser leurs familles, avec leurs papas sur le front. Surtout, elles avaient travaillé leurs rôles avec un degré de maîtrise, de pugnacité, que j’ai rarement vu dans ma carrière…
 

Oxana de Charlène Favier 
En salle depuis le 16 avril.



Photo : © Matthieu Chauveau

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