La Route du Rock - Collection été #30

Le roi lézard
Elle remonte loin la dernière Route du Rock été dans la forme qu’on lui a toujours connue. Rappel pour ceux qui ont la mémoire courte : le rock indé dans ce qu’il a de meilleur avec un habile mélange de nouvelles sensations et de figures tutélaires (souvent influences revendiquées des premiers). La dernière vraie Route du Rock, c’était donc en 2019 et pour son grand retour post-Covid, le festival fait un choix osé en mettant en tête d’affiche non pas un Tame Impala (l’édition 2019 donc) mais d’autres Australiens à l’univers autrement plus retors. On prend tout de même les paris : bien qu’exempte de tubes, la prestation de King Gizzard & The Lizard Wizard devrait, par sa maestria (prenez du jazz, de la pop, de la soul et du metal et mélangez le tout), souffler le public malouin.
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L’éternel retour des guitares
À chaque fois, c’est la même chose. On se dit que le rock c’était mieux avant, que c’est terminé, tout a été fait, qu’à l’heure du règne du hip-hop et du R’n’B, c’est devenu une musique de niche qui n’intéresse plus grand monde. Et puis arrive de nulle part (de Dublin, de Perpignan ou de l’île de Wight) un groupe qui persiste à y croire, branche les guitares et joue fort comme si sa vie en dépendait. Et rencontre un public ! Cette année à Saint-Malo, trois formations sont la preuve que cette succes story est toujours d’actualité : les Irlandais de Fontaines D.C. (un Grammy Award pour leur post-punk incandescent), les Français de The Limiñanas (des fans dans le monde entier depuis leurs débuts il y a 10 ans) et les Anglaises de Wet Leg (des fans dans le monde entier depuis leurs débuts il y a 1 an).
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Splendeurs discrètes
De rares phénomènes qui cachent beaucoup de groupes plus anecdotiques ? Les choses sont, évidemment, beaucoup plus compliquées. Dans le rock indé en général comme dans la prog 2022 de La Route du Rock, il est des artistes qui prennent (et inventent) leur chemin à leur rythme, en dehors des modes et du buzz. Il en va ainsi de Kevin Morby qui, album après album (son 7 e, très réussi, cette année), donne une ampleur rare au folk américain, ou d’Aldous Harding, jamais là où on l’attend (le dernier album très Velvet) et en même temps toujours reconnaissable entre mille (l’évidence d’une voix). Plus méconnue mais non moins essentielle, on vous conseille enfin de vous ruer sur Vanishing Twin, formation qui, dans la lignée de Stereolab ou Broadcast, tisse une pop aussi cérébrale que sensuelle.  

Matthieu Chauveau
Crédit photos : King Gizzard & The Lizard Wizard © Jason Galea / Fontaines D.C. © Filmawi / Wet Leg © Hollie Fernando